Le futur du travail appartient aux optimistes !
L’optimisme a été mis à l’honneur sous toutes ses facettes lors de la dernière édition du Festival HEC Life Project, les 6 et 7 avril derniers. Retour sur deux jours de conférences inspirantes, ateliers et workshops pratiques avec quelques morceaux choisis d’un vivifiant partage collectif, 100 % en ligne.
Après la crise sanitaire, l’univers pro est plus « VUCA »[1] que jamais. Et ce n’est pas fini : « 50 % des emplois actuels n’existeront plus d’ici 45 ans » rappelle en introduction Ilona Boniwell, experte en psychologie positive et professeur à HEC Paris. Un défi pour les leaders, qui doivent désormais veiller sur leurs collaborateurs, leurs parties prenantes et réaliser la synthèse entre éthique et profit. « Le manager de demain sera un athlète du dépassement de la contradiction » sourit Fabrice Gerschel (H.91), fondateur de Philosophie magazine. Selon Ilona, cinq ressources feront la différence : le sentiment d’auto-efficacité, l’espoir, la résilience, la capacité d’ancrage et - last but not least - l’optimisme, défini comme le fait de « regarder vers l’avenir et croire que le succès est possible. »
Inné ou acquis ?
En France, l’optimisme, associé au manque d’esprit critique voire à la naïveté, n’a pas bonne presse. Dommage car « trop de recul stérilise l’audace » analyse Alexandre Cadain (H.15), fondateur d’Anima, qui travaille entre Paris et Los Angeles. « En Californie, en revanche, c’est l’excès inverse. L’équilibre est clef ! » ajoute-t-il. L’optimisme peut-il se « travailler » ? Oui : « L’aptitude au bonheur est influencée à 50 % par nos gênes, à 10 % par les événements extérieurs et à 40 % par la façon dont nous choisissons de réagir. L’effet « Pygmalion »[2] montre que croire en ses compétences améliore ses résultats et ses chances de réussite. Notre vision du réel a donc la capacité de le transformer – et ce savoir-faire s’acquière » répond Elisabeth Laville (H.88), fondatrice d’Utopies. De même, la résilience peut se développer, en jouant sur ses ressources et s’appuyant sur autrui comme l’explique Valérie Valentin (H.90), executive coach chez Xpand.
Muscler son optimisme…
De nombreuses méthodes aident à renforcer l’optimisme au quotidien. L’apport des neurosciences, notamment, est précieux : « Notre cerveau est programmé pour prêter attention au négatif » détaille Renaud Complainville (MBA.05), associé au Neuromindfulness Institut « mais il est possible de combattre ce biais en vous recentrant sur le moment présent, en cultivant la gratitude, faisant preuve de compassion… » « Pour éviter d’entrer dans une spirale négative, fixez-vous un créneau horaire quotidien limité pour “ruminer“ à fond ce qui vous inquiète : c’est très efficace » conseille Ilona. Benjamin Depraz-Brenninkmeijer (H.13) associé chez iDiscover 360, recommande de s’entrainer à garder à l’esprit les avantages et inconvénients de toute situation pour se forger à terme une vision plus équilibrée. Jean Pagès, fondateur de l’IFAI, suggère de s’appuyer sur ses réussites : « Remémorez-vous un moment où vous avez mobilisé vos forces pour dépasser les difficultés, rappelez-vous les satisfactions que vous en avez retirées. Les expériences positives, lorsqu’elles sont racontées, donnent le désir d’aller plus loin. »
… pour tracer sa voie
L’optimisme peut donner la force de sortir des sentiers battus comme en témoignent deux « switcheuses » : Aurore Abécassis (H.14) et Claire Durand-Gasselin (H.14). Ni l’une ni l’autre ne se retrouvait dans une carrière « classique ». La première a quitté Bain & Co pour monter l’agence d’événementiel digital B2B Acmé, la seconde s’est reconvertie dans la permaculture à la ferme de Peuton (Mayenne). Toutes deux ont affronté croyances limitantes, préjugés et syndrome de l’imposteur avant de sauter le pas : « Le regard des autres est compliqué à gérer. Les proches, averses au risque, sont rarement de bon conseil. Il faut tenir bon, s’écouter, suivre ce qui fait plaisir » témoigne Aurore, qui s’est appuyée sur le programme Switch Collective pour y puiser son impulsion. Claire évoque la nécessité de déconstruire sa hiérarchie des valeurs pour trouver son alignement intérieur : « Rencontrer des personnes d’horizons différents m’a aidée à trouver ce qui me fait vibrer et fait sens pour moi. »
… et redonner du sens au collectif
L’alignement individuel permis par l’optimisme ouvre la voie à l’engagement collectif, comme en témoigne Rodolphe Durand (H.93, D.97), directeur académique du centre SnO d’HEC Paris : « J’ai mené mes travaux d’enseignant-chercheur pendant dix ans sans les relier aux institutions qui m’hébergeaient. La crise de 2008 m’a ébranlé. Ayant enseigné la corporate strategy aux Etats-Unis, je me suis senti co-responsable : les business schools américaines avaient formé des managers qui ont contribué à la crise. J’ai voulu mettre mes recherches sur ces thématiques au service d’HEC Paris : le centre SnO est né. » Depuis 2018, Rodolphe est responsable académique de la chaire Hubert Joly Purposeful Leadership d’HEC Paris, qui identifie les vecteurs de l’incarnation du sens dans l’entreprise et y forme les étudiants. Un leader aligné a en effet le pouvoir d’accroitre la confiance de ses équipes, en leur permettant de relier leurs aspirations à la mission de leur organisation. Il aboutit à une meilleure performance, tout en cultivant une vision sociétale forte.
La synthèse des deux journées intenses du Festival Life Project reviendra à Alain Gauthier (H.61), directeur exécutif de Core Leadership Development, lors du talk de clôture : « le futur du travail appartient aux chercheurs de sens. » Et chercher un sens qui motive, c’est faire preuve d’optimisme !
Marianne Gérard pour HEC Life Project
[1] Acronyme anglo-saxon pour « Volatil, Uncertain, Complex and Ambiguous”.
[2] Etudié par les psychologues américains Rosenthal et Jacobson.
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